Les ateliers d’artistes sont des endroits magiques. S’ils ont chacun leursparticularités, ils forcent tous le respect.
Dire qu’ils sont le reflet de la personnalité du maître des lieux est un peu osé. Ils restent néanmoins des espaces où l’on entre avec piété, car il s’y passe quelque chose de spécial.
Nous avons décidé de franchir leur porte pour réaliser ce livre. Jean-Luc Corpataux, Pierre Loye, Pierre-Alain Morel, Jean-Jacques Putallaz et Nicolas Wuersdoerfer nous ont accueillis. Chacun à sa manière. Portrait d’atelier est le résultat de ces rencontres. Un livre loin des ouvrages académiques et des traités sur l’art: une approche intime de l’homme à son travail.
Le désir de publier un livre sur l’art était en nous depuis longtemps. Profitant de l’ouverture de la galerie de la Schürra, nous avons décidé de partir à la rencontre des artistes. A la différence des ouvrages traditionnels qui suivent le schéma critique-oeuvre, nous avons voulu privilégier les rapports humains. Les artistes ont répondu favorablement à notre demande. Nous nous sommes rendus dans leurs ateliers. Lors d’une première visite servant à nous apprivoiser mutuellement, nous avons établi ensemble un canevas pour notre discussion. Munis d’un magnétophone, nous sommes ensuite retournés voir les artistes. L’étape suivante a consisté à retranscrire les interviews pour réaliser un texte de base. C’est ce texte que nous avons envoyé aux artistes. Chacun y a apporté sa touche, suivant ses désirs et sa personnalité. Certains ont carrément réécrit le texte; d’autres n’ont corrigé que de petits passages; d’autres encore ont eu envie d’approfondir ce qu’ils avaient, à leur goût, trop négligé; d’autres enfin se sont complètement retirés et nous ont laissé carte blanche. Le résultat est étonnant. Partant tous du même canevas, les textes aboutissent à des versions variées, proches des sensibilités de leurs auteurs. Riche en surprises, l’expérience à laquelle les artistes se sont prêtés n’a certes pas été facile. Ayant l’habitude de s’exprimer par des moyens graphiques, le passage à l’écrit comporte des risques, comme celui de trop se dévoiler ou de ne pas parvenir à exprimer l’exacte pensée qui les anime. Il recèle aussi des avantages: une occasion rare d’apporter soi-même des précisions sur le travail artistique fourni. Nous tenons donc à remercier ici les artistes pour leur accueil chaleureux et le temps qu’ils nous ont consacré. En pénétrant dans leur travail, par le regard ou le dialogue, nous avons découvert des êtres ancrés dans des problématiques variées mais forts d’une énorme générosité et d’une vraie intelligence. (jrw/sl)
Un livre de Sophie Lugon et Jean-Rodolphe Wuersdorfer.