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La ligne blanche & Genèse 4

La ligne blanche & Genèse 4

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Qté

Les éditions faim de siècle ont le plaisir de publier en un volume deux pièces de théâtre du jeune écrivain Bastien Fournier (1981), La Ligne blanche & Genèse 4, deux ans après la parution de son premier roman La Terre crie vers ceux qui l'habitent.

Cette édition accompagne la présentation du 24 mars au 9 avril 2007 de Genèse 4 sur les planches du Petit théâtre de Sion, et fournit l'occasion de découvrir une autre facette de l'activité littéraire de Bastien Fournier.

Que cela soit au travers d'un monologue retraçant différents épisodes de la vie d'une épouse de footballeur ou par la présentation de l'affection ou de la haine qu'éprouvent deux frères l'un envers l'autre, Bastien Fournier parvient toujours à interpeller son public et à susciter la réflexion en présentant des personnages qui restent férocement humains avec leur colères et leurs violences.

A travers son écriture, l'auteur valaisan souhaite faire partager sa vision de l'être humain, toujours soumis au contexte dans lequel il évolue. 

Cette publication comprend également une postface de Jean-Michel Roessli. Ce spécialiste des sciences des religions apporte un éclairage érudit à propos des énigmes soulevées par ce quatrième chapitre de la Genèse évoquant Abel et Caïn, source d'inspiration de Bastien Fournier et de nombreux écrivains à travers les siècles.

Entretien avec Bastien Fournier

Ce qui surprend le plus au moment de rencontrer Bastien Fournier, c'est sa capacité à glisser quelques instants de calme, avec l'aide d'une cigarette et d'un café, dans un emploi du temps très chargé pour parler de son travail avec un enthousiasme extrêmement communicatif. A l'occasion de l'édition de ses pièces La Ligne blanche et Genèse 4 et de la présentation de cette dernière sur les planches du Petithéâtre à Sion, l'écrivain romand s'est prêté sans difficulté au jeu des questions et des réponses.

"Une comédie avec un aspect tragique"
Il prend une rapide bouffée de fumée avant de se lancer dans cet exercice de style et de fournir le fil rouge de La Ligne blanche: ''Même si je ne suis pas un véritable mordu de football, j'ai effectué mes classes juniors avec le FC Fully comme latéral gauche et j'ai toujours eu un certain intérêt pour ce sport. Dans les faits, La ligne blanche est une commande qui m'a été faite à l'occasion de Fetartista et comme le budget était modeste, j'ai choisi de lui donner la forme d'un monologue. De plus, cette commande a pris place au cours de l'été 2004, durant l'Eurofoot. Je me suis donc retrouvé dans une période propice à l'écriture avec les potins dans les journaux. D'un point de vue plus personnel, j'ai toujours aimé le côté épique, même héroïque qui compose le football.''

Les amateurs de football pourraient avoir de la peine à se reconnaître dans la pièce de Bastien Fournier et les événements qu'elle relate. A cela l'auteur répond: ''Tout ce que l'héroïne de la pièce déclare est tiré d'anecdotes médiatiques ou d'histoires personnelles qui m'ont été rapportées. Tout est vrai, y compris la polémique sur la couleur des cheveux des joueurs. Cet assemblage d'anecdotes donne un côté tragique incarné par l'épouse du footballeur. Celle-ci a un côté ambigu: elle aime son mari footballeur pour ce qu'il est et c'est ce qu'il est qu'elle déteste. Dans les faits son mari est un homme ridicule en raison de son attachement à son apparence. Mais cet homme est un mythe qui est déconstruit au long de la pièce. Avec cette déconstruction, La Ligne blanche est une comédie avec un aspect tragique. Je ne voulais aussi ne pas aller trop loin car si le mari footballeur a ses défauts et ses petites faiblesses qui sont insupportables pour sa femme, il reste très amoureux de celle-ci.''

Dans la foulée des premières représentations, Bastien Fournier a reçu un grand nombre de réactions contrastées: ''J'ai eu un écho très positif de la part des spectateurs de football qui ont ressenti dans la pièce ce qu'ils ressentent en tant qu'observateurs du sport. Par contre, les personnes qui sont elles-mêmes impliquées dans ce sport m'ont reproché d'en donner une image peu reluisante. On pourrait dire que le public des stades s'est plus reconnu que les footballeurs eux-mêmes.''

" Une action citoyenne "
La discussion change quand on aborde la seconde pièce et son thème du fratricide: ''De par l'orientation de mes études en littérature, ce thème m'a toujours intéressé. Pour être exact, j'ai été attiré par les textes qui relatent le passage du monde païen vers le chrétien. De plus, le texte de la Genèse qui se trouve dans la Bible offre beaucoup de possibilités pour une adaptation au théâtre car il contient une foule de passage où les explications manquent. Il y a donc de la place pour la poésie. Et la thématique des frères ennemis m'a beaucoup interpellé car elle pourrait être rapprochée avec l'histoire de l'humanité.''

Si le lecteur de la pièce vient à souligner le côté sombre du texte, Bastien Fournier tient à lui opposer un point de vue un peu plus nuancé: ''Je ne pense pas que l'être humain soit bon ou mauvais, il réagit en fonction de la situation dans laquelle il se trouve. Dans la pièce, le public voient deux frères qui s'aiment, mais que la situation dans laquelle ils se trouvent va les amener à se détester. C'est un enchaînement absurde est qui est perçu comme tel par les protagonistes. La violence submerge l'être humain, c'est une force irrationnelle qui s'empare des gens, comme une forme de colère. La pièce est un peu pessimiste car cette violence est absurde. Mais elle contient aussi de l'optimisme car la violence n'empêche pas l'Amour. On ne déteste que ceux qu'on aime. Mon intention est de susciter un débat chez les personnes qui viendront voir cette pièce, pas d'apporter des réponses. Quel élément peut freiner la violence qui vient s'insérer dans la trame de la pièce? Vorace va chercher la justice pour ce qui lui arrive. Car si son premier meurtre est commis par jalousie, le second est une sorte de réparation suite aux actes de son frère. Je serai heureux si le public sort du théâtre en s'interrogeant sur la limite de la justice. D'une certaine manière, susciter cette réflexion est, pour moi, une forme d'action citoyenne.''

Au moment de découvrir Genèse 4 sur scène, une question vient rapidement à l'esprit: de quelles sources l'auteur valaisan tire-t-il les éléments qu'il a utilisés pour palier le manque d'explication du texte biblique? ''En fait, je me suis peu renseigné sur le sujet, précise l'intéressé, le texte original suscite des questions depuis des siècles. Un lecteur m'a fait remarquer qu'il y trouvait une lecture typologique des textes bibliques. La pièce aborde un événement relaté dans l'Ancien Testament qui préfigurerait ce qui va se passer dans le Nouveau Testament. Mais je pense pour ma part que c'est une histoire avant tout très humaine entre deux frères, c'est une tragédie familiale en milieu clos en non une pièce théologique. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai changé les noms. Le thème central de la rivalité est très présent dans la culture occidentale.''

Propos recueillis par Xavier Lambercy, 18.02. 2006 (article libre de droit)

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